Tout a commencé quand ce camarade de classe, 10 ans à peine, que je ne connaissais quasiment pas, m'a appelé « grosse vache ». Surnom dont il m'a affublé tout au long de l'année scolaire.
Non attendez...
Ça remonte à plus loin en fait. Deux ans auparavant, en découvrant les photos de la classe de mer, sur lesquelles je posais en maillot de bain avec mes copines. C'est là que j'ai compris que mon corps n'était pas comme le leurs. Ça m'a gêné sur le coup, mais c'est durant les années suivantes que j'ai compris que ce bidou surabondant et ces cuissots grassouillets seraient un handicap, du moins pendant mon adolescence. Et ce le fut.
[via Jemappelle]
Ce n'est pourtant que 10 ans après la découverte de ces innocents clichés que c'est arrivé. Ce que je prenais pour un rêve s'est enfin accomplie, avant de dériver vers le cauchemars. Plus de 20kg d'évaporés en moins de 6 mois. Le sourire est parti avec, mais pas que : mon humour, mes délires innocents, ma légèreté et cette manière que j'avais de tout croquer à pleines dents... tout cela s'est enfui avec mes kilos.
Le goût de la vie comme le goût tout court m'ont quittés. Et certains amis aussi... comme je les comprends aujourd'hui!
Les kilos ont continué à disparaitre, et finalement, et en une année c'est 30 kg que j'ai perdu. Pourtant , j’ai évité l’hôpital car que ma précédente expérience en pédo-psy m'avait permis de savoir que cet univers me détruirait. J'ai tenté la sonde gastrique, mais une fois seule avec Midas, je l'arrachais rageusement (la sonde hein, pas Midas).
Je voyais toujours cette dame qui suivait mon évolution psychique depuis mes 15 ans. J'ai continué à vivre, je me suis forcée à chaque instant, à faire des choses et à ne pas m’enfoncer dans la maladie. J'ai appris à vivre avec les complément alimentaire à base de crèmes surprotéinées au goût de Danettes avariées. Ça a duré encore de long mois, sans s'arranger.
Puis j'ai passé trois semaines en Italie, j'ai pris 8 kg (notamment grâce à de délicieux cocktails) et j'ai commencé à comprendre VRAIMENT que la vie ne se limitait pas au chiffre d'une balance. Car avant ça, même si j'étais bien consciente de la maladie et même si je la conchiais, je ne parvenais pas à m'en défaire.
Heureusement, ces huit kilos (fatidiques) sont apparus sans que je m'en aperçoive et en fin de compte, ma vie n’était pas pire, au contraire!
Je recommençais à sourire, à sortir et à plaire. Dès lors, je me suis reconstruite, petit à petit. Le chemin a été long et ardu, j'en ai encore un peu à parcourir, mais j'ai déjà fait le plus dur.
Pourvu que je ne rebrousse pas chemin.