J'ai beau être quelque part entre Oxford Street et Picadilly, le blog continue à mener sa petite vie de moribond. De ce fait, j'suis un peu vous avec même si en fait non.
Je voudrais vous parler de la fantastique exposition que nous propose le musée d'Orsay, déjà parce que j'ai kiffé comme une folle, et aussi parce que je pense qu'elle peut intéresser un grand nombre de gens, y compris ceux pour qui l'art n'est pas une passion. Le petit soucie, c'est que cette expo est tellement mirobolante, grisante et palpitante, que j'ai beaucoup de mal à trouver les mots qui lui rendront justice.
Crime et châtiment donc, comme le bouquin de Dostoïevski oui, parce que l'exposition survole 200 ans de meurtres et des passions, de justice et de punitions qui ont nourrie non seulement l'imaginaire des artistes, mais aussi les sciences et même le quotidien des contemporains. D'emblée, le visiteur est projeté dans l'ambiance puisque la première salle, toute tapissée de noire, le met face à une guillotine, une vraie de vraie qui a du voir rouler beaucoup de têtes. Outre un très grand nombre de peinture, dont de fantastiques toiles de Moreau tellement sublimes que j'en perds mes mots, l'exposition regorge de documents d'un intérêt certain. Lithographies, caricatures de Rops et de Daumier ( certaines à mourir de rire), couvertures de vieux journaux sur les faits divers morbides, mais aussi masques de cire de condamnés, photos de scène de crimes du 19e, et autres croquis de V. Hugo. A cela s'ajoute un prospectus très bien fait, qui relate avec brièveté mais justesse les évènements auxquels s'attachent les salles. Que ce soit une affaire en particulier (Maras, entre autre), la loi et la justice, ou les principales figures macabres dont le romantisme s'est entichées, le prospectus réveil la curiosité du visiteurs.
On admire certes, on frissonne aussi beaucoup (certains documents sont assez flippants) et on apprend beaucoup. Car ce qui, pour moi, constitue l'un des points forts de l'exposition, ce sont les éléments qu'elle nous mets sous les yeux et qui, du moins personnellement, donne envie d'en savoir plus (comme l'identification judiciaire à la Bertillon). Mais finalement, ce qui ressort de cet assemblage d'œuvres et de documents, c'est la place du Mal dans la société. La place et les limites du mal, non seulement d'un point de vue moral et religieux, mais aussi d'un point de vue humain et sociale. Et ça, c'est profondément troublant, mes amis.
Bref je vous le répète, les mots me manquent pour vous dire tout le bien que j'en pense, car d'un point de vue esthétique, comme d'un point de vue historique ou social, Crime et Châtiment est une exposition épatante. Éclairante aussi. Alors merde, courez y quoi (vous avez jusqu'au 27 juin) !