J'ai l'impression que désormais, le deuil est fait. Deux semaines après sa mort et une semaine après l'enterrement, je pense avoir finie par accepter son départ. Bien entendue, il reste ce douloureux pincement au cœur quand les souvenirs me reviennent, mais je préfère ne garder que les meilleurs et m'en servir pour me construire.
Lorsque j'ai appris son décès, j'étais en pleines révisions pour les partiels, et j'ai mis mes émotions et mon chagrin de côté pendant une semaine, celle des examens. Durant ces jours là, j'ai vécut comme un robot frigide, n'ayant en tête que mes cours. Quand tout ça c'est achevée et que je me suis rendue chez mes parents la veille de l'enterrement, j'ai sentie la tristesse refaire surface, d'abord dans le train, puis à la gare et enfin à la maison. Mais j'ai pris sur moi, et tout gardé à l'intérieur. C'est le jour de l'enterrement que c'est sortie.
J'ai d'abord vue son corps, avant que l'on ne ferme le cercueil. Certain ne peuvent pas, pour moi, c'était une nécessité. Il fallait que je la vois, que j'admette qu'elle n'était plus là, que je réalise. Elle avait l'air de dormir, derrière elle ses filles avaient placée une photo d'elle jeune et belle. À côté sur une table, les clichés de son dernier voyage en Italie, il y a 9 mois, quelques semaines avant qu'on apprenne son cancer. Elle était encore radieuse, resplendissante malgré ses 91ans. Elle aura profité de sa vie jusqu'au bout.
Juste avant que le cercueil ne se referme, ma tante a dit quelques mots très émouvants... trop sans doute. J'ai dû quitter la chambre pour m'effondrer sur le palier. Puis le corbillard est parti, Pierrot a sonné la cloche de la cours, et nous avons prit la direction de l'église. La cérémonie ne commençait que 20mn plus tard, mais les lieux étaient déjà remplies. Faut dire qu'elle était aimée, admirée, respectée. Beaucoup de visages compatissants, émus, attristés, certains que je n'avais pas croisée depuis trop longtemps.
Malgré un organiste lamentable, la cérémonie fut belle et émouvante J'ai beaucoup pleuré. J'ai tout vidé. Pendant ce temps, un chat s'est aventuré dans l'église, en ignorant tout ceux qui essayé de l'arrêter. Il s'est assis et il a regardé la foule. Quand on a sortie le cercueil pour le remettre dans le corbillard, le chat était encore là, il jouait avec une branche morte.
Dans l'Égypte antique, les croyances voulaient que les chats soient les incarnations de l'âme des défunt. Et Bonne Maman adorait les chats. Certains ont pensée qu'elle était parmi nous ce jour là...
Durant les jours qui ont suivie, j'ai encore pleuré et j'ai beaucoup réfléchie. Outre la disparition et l'absence de ma grand mère, autre chose me terrifie ; C'était une femme extraordinaire, avec une incroyable connaissance du monde, de la vie et de toute chose. Elle avait voyagé, elle a avait beaucoup lue, fait de nombreuses rencontres. Elle avait un regard clair et lucide sur les gens. Toujours pleine d'entrain, d'amour et de bons sentiments, tout ceux qui croisaient sa route tombaient sous son charme. Alors la question c'est : comment être à la hauteur? D'autant plus que ma mère, sa fille, est tout aussi extraordinaire, débordante de générosité, de gentillesse et d'intelligence, et ça je m'en rends compte chaque jours d'avantage. Et je ne vous parle pas de mon arrière grand mère maternelle... Que faire d'un tel héritage? Quand je regarde les personnalités féminines qui me précèdent, je ne me sens pas digne d'elles. Elles sont toute merveilleuses, comment leur succéder? puis je vraiment prendre la relève? Suis je capable d'être (au moins) aussi valeureuse qu'elles?
J'ai posé la question à ma mère, elle n'a pas sut me répondre, mais c'était courue d'avance. Il va falloir que j'apprenne à me construire en suivant au mieux ces modèles, tout en restant moi-même..