[Tous les mercredis, avec Zette, MHF, Cortisone, Orfeenix, Joufflette, Ecrits et Délices, Dominique H. et Papiluc nous parlons de nos premières fois. N'hésitez pas à participer sur vos blogs ou dans les commentaires...]
Tictac. Aujourd'hui on est sensé parler de notre première montre. Sauf que moi, je vais bifurquer un peu. Déjà parce que ma première montre elle était d'un mauve tromoche, mais aussi parce que c'est pas terriblement passionnant.
Je préfère me souvenir de l'horloge de la cuisine. Non elle était pas parlante. Elle était même pas originale. C'était juste un cercle blanc avec des chiffres noires dessus. Elle me fascinait cette horloge, parce que tous ces chiffres-là, ils semblaient faire partie d'un code qui n'était dévoilé qu'aux initiés. Initiés dont je n'étais pas. Dont je n'ai été que très tard d'ailleurs.
Tous les matins, mon frère et moi prenions notre petit dej' dans le salon et ma mère venait nous y rejoindre (notamment pour m'aider à démêler mes délicats cheveux blonds).
Déjà à cette époque et même sans savoir lire l'heure, j'étais une stressée des horaires. Je supportais déjà pas d'être en retard. Du coup, c'était toujours moi qui disait « on n'est pas en retard pour l'école? », et qui recevait comme réponse de ma mère « vas vérifier ». Je me rendais alors dans la cuisine, afin de me renseigner auprès de l'Horloge de la Vérité. Et tous les matins, c'était la même angoisse : ne pas se tromper dans le décodage, ne pas mettre tout le monde en retard par une erreur de lecture... Quel suspense !
[Salvador Dalí, La Persistance de la mémoire, 1931]
Après un temps qui devait être interminable, je revenais vers ma mère et, fière comme une reine, j'annonçai : 8 heure 2. Ma mère savait très bien à quoi s'en tenir : il était 8h10. Et quend elle me le faisait remaquer, je trouvais ça absurde. Il ne pouvait pas être 8h10 parce que si la petite aiguille était bien sur le 8, la grande était sur le 2 et pas sur le 10.
j'ai mis du temps à comprendre, j'ai appris à lire l'heure assez tard et consciente de mon handicap, je me souviens parfaitement du jour où, dans la voiture, j'ai demandé à ma mère de m'apprendre. Elle était fière de ma prise d'initiative et l'apprentissage fut aussi bref qu'efficace.
Pour me féliciter, j'eus droit à cette fameuse montre d'un mauve très moche mais que j'aimais d'amour parce que c'était une montre Jasmine.
[Avec son bracelet en tissu, elle était encore plus pas belle que celle-ci]